Asie Marché de l'Art Contemporain

Une scène artistique foisonnante, assez méconnue de l’Europe, a émergé dans les pays d'Asie au cours de ces dernières décennies. L’art contemporain asiatique, longtemps absent du marché international de l’art, s’est développé dans le sillage de la croissance économique de ces pays. Comprendre les éléments constitutifs de la scène artistique en Asie de l’Est et du Sud-Est nous informe sur l'histoire, les influences et le développement de ces pays et nous éclaire sur leur intégration dans une culture globale vers laquelle nous tendons.

LES TENDANCES DU MARCHE DE L’ART CONTEMPORAIN ASIATIQUE

A Pompidou, les jeunes artistes chinois maîtrisent l’art digital
Le Centre Pompidou à Paris, en partenariat avec le West Bund Museum Project à Shanghai, nous offrent un regard sur la jeunesse artistique contemporaine chinoise et c’est passionnant. L’exposition « Chine, une nouvelle génération d’artistes », présente les œuvres de 21 artistes nés entre la fin des années 1970 et le début des années 1990. Les artistes sélectionnés présentent un large éventail de pratiques - vidéo, peinture, sculpture, installation, photographie. De Qiu Xiaofei à Cui Jie, Chen Fei, Sun Xun ou Lu Yang, les artistes reflettent l’évolution de la société chinoise. Dans « Road to the Success », l’artiste Chen Fei se représente comme un célèbre concepteur de marque, renvoyant ainsi à une image de réussite. Il explore la nature paradoxale et complexe de la société moderne dans un contexte de mondialisation et de développement urbain. L'artiste réalise des oeuvres très graphiques, conçues comme des images de films. Cui Jie compose dans ses peintures des superpositions d’images. Chaque superposition représente la transformation du paysage urbain de la Chine à travers le temps et les politiques. Cui Jie est parmi les jeunes artistes les plus innovants qui ont émergé en Chine ces dernières années ; elle est notamment une des plus importantes représentantes de l'art post-digital. Sun Xun, réalisateur de films d’animation présente un paravent à l’encre et feuilles d’or, produit pour son film Magic of Atlas (2024), relatant la quête d’identité d’un garçon à travers des pays imaginaires et des temporalités diverses. Lu Yang, artiste chinois, qui vit à Tokyo, est parmi les artistes les plus célèbres de sa génération. Il nous donne à voir ici une installation vidéo immersive captivante – DOKU The Self (2022) - et une démonstration de sa maîtrise de l’art digital. Doku représente l’alter ego de l’artiste qui lui permet de se réincarner dans un mode numérique fantastique. Lu Yang nous projette dans un univers de cyborgs, de divinités bouddhistes et de transhumanisme. « Depuis l'enfance, ma perception de la réalité est limitée. Ma grand-mère était bouddhiste. Elle m'a mis en contact avec une sagesse particulière », explique Lu Yang. Une autre vidéo immersive “DOKU - The Flow” de Lu Yang  était montrée à la Fondation Vuitton à Paris au printemps 2024. L’exposition « Chine, une nouvelle génération d’artistes » est présentée au Centre Pompidou Paris, du 9 Octobre 2024 au 3 Février 2025. 

Zao Wou-Ki : couleur, lumière et flamboyance de l’abstraction
Zao Wou-Ki est un des artistes chinois les plus célébrés dans le monde de l'art. 200 œuvres, dont 129 peintures à l’huile étaient ainsi exposées à l’Académie des Arts de Chine à Hangzhou. qui présentait une grande exposition commémorative du centenaire de Zao Wou-Ki (décédé en 2013), du 20 Septembre 2023 au 20 Février 2024. Le Jiushi Art Museum à Shanghai présentait "Echoes of Verses : The Poetic Palimpsests » de Zao Wou-Ki du 29 Juin au 13 Octobre 2024, soit plus de 80 gravures de l'artiste réalisées depuis les années 50 jusqu'au début des années 2000, ce en lien avec des poètes comme Henri Michaux, René Char et Claude Roy.

En France, du 2 Mars au 26 Mai 2024, le couvent des Franciscaines à Deauville accueillait une exposition monographique exceptionnelle dédiée à l'œuvre de Zao Wou-Ki  : "les allées d'un autre monde". En 2018, le Musée d’art Moderne de la ville de Paris lui avait déjà consacré une grande exposition avec une quarantaine d’oeuvres exposées.
Avant l’ouverture de la Chine dans les années 80, l’art de Zao Wou-Ki n’était pas considéré par les chinois : trop loin des canons traditionnels de la peinture chinoise. Pour rappel, Zao Wou-Ki a quitté la Chine en 1948. En 1983, le ministère de la Culture chinois organisait la première exposition de l’artiste, au Musée National de Pékin. Aujourd’hui ses oeuvres ont intégré les collections asiatiques. Et Zao Wou-Ki détient le record de la plus haute adjudication de l’histoire du marché hongkongais avec 65m$ pour un monumental tryptique intitulé « Juin-Octobre 1985 », vendu en 2018 chez Sotheby’s. Au premier semestre 2021, le marché hongkongais était mené par Jean-Michel Basquiat et Zao Wou-Ki, cumulant 192m$, soit 20% du résultat semestriel à eux seuls, indiquait la société Artprice en 2024. Celle-ci titrait Zao Wou-Ki : du rejet à la consécration. En effet Zao Wou-Ki est à présent très recherché par les collectionneurs occidentaux et chinois, attirés par ses œuvres qui marient Orient et Occident. « Zao Wou-ki avait sa propre approche de l'abstraction occidentale. Il a trouvé un style unique. Son apprentissage initial de la peinture classique chinoise est fondamental» , déclarait Joyce Chan, spécialiste de l'art asiatique chez Christie's à Hong Kong. Guillaume Mallécot Chez Sotheby's à Paris, déclarait en 2018 que la cote de Zao Wou-ki avait été multipliée par deux depuis 2010 et notamment depuis son décés.
En quittant la Chine pour Paris, Zao Wou-Ki voulait se défaire de la peinture traditionnelle chinoise. L’abstraction dans les années 50  à Paris était pour lui une peinture très libre. Il déclarait néanmoins, après de nombreuses années passées en France, « Qui peut comprendre l’énergie qu’il m’a fallu pour écouter, assimiler des leçons de Cézanne et de Matisse et revenir ensuite à cet héritage que m’a légué la peinture des Tang et Song qui reste pour moi la plus belle au monde ? ». En 1971, il a aussi redécouvert l’encre de Chine sur papier : « c’était resté un exercice de style, une espèce de démonstration virtuose dont je me méfiais, expliquait-il ».
Aujourd’hui, Zao Wou-ki est non seulement reconnu mais honoré par la Chine. Ses toiles les plus spectaculaires sont proposées à Hong Kong. Sa renommée – mondiale - s’étend au-delà de la Chine jusqu’aux Etats-Unis qui ont commencé à s’y intéresser. La Fondation Zao Wou-ki pour sa part, présidée par Françoise Marquet-Zao, l’épouse de l’artiste, veille à la protection et à la promotion de l’oeuvre de cet immense artiste.
Source : Artprice 9/2024, Balises, 9/21, Les Echos 6/2018, autres


Do Ho Suh

Un point de vue éclairé sur le marché de l'art coréen
Alors que le KIAF et Frieze Seoul vont ouvrir leurs portes le 4 septembre 2024, interview de Jung Lee, directeur de Gana Art, basé à Séoul, et vice-président du comité d'exploitation du Kiaf Seoul.
Au cours des dernières années de boom du marché de l'art, nous avons vu arriver un grand nombre de nouveaux collectionneurs. La nouvelle génération considère l'art comme une classe d'actifs et un investissement, comme la fièvre du NFT auparavant, même si elle a bien sûr ralenti ses achats.  Beaucoup de ces jeunes collectionneurs ont entre 30 et 40 ans. Certains viennent du secteur des technologies de l'information. D'autres sont issus de vieilles familles qui possèdent des entreprises de taille moyenne plutôt que des grandes entreprises. Certains collectionneurs viennent également du monde de la finance et ont généralement entre 40 et 50 ans. Ils ne viennent peut-être plus à la galerie ou n'achètent plus d'œuvres aussi souvent qu'auparavant, mais leurs habitudes et leurs intérêts changent. Par exemple, ils recherchaient auparavant des artistes locaux et internationaux nouveaux et émergents. Aujourd'hui, ils recherchent des artistes plus établis qui jouissent d'une plus grande reconnaissance artistique et d'un marché plus stable. Je les ai trouvés plus sérieux et plus réfléchis sur ce qu'ils veulent. Ces dernières années, l'art contemporain coréen a gagné en visibilité sur la scène internationale. Ce n'est peut-être qu'une tendance. Il se peut que les étrangers ne s'intéressent aux artistes coréens que parce qu'il y a une foire, et il se trouve que la Corée est le centre d'intérêt actuel de ceux qui cherchent de nouveaux marchés et les prochains artistes asiatiques, comme cela s'est passé à Hong Kong, en Chine continentale et, parfois, en Inde. Cela dit, la redécouverte des artistes coréens suscite de l'intérêt. Je reçois beaucoup de demandes de galeries ou d'incubateurs étrangers qui s'intéressent aux artistes modernes.
Source : Artnet News 9/2/2024 and The Asia Pivot


Lee Ufan

Qu’est-ce que l'art coréen aujourd'hui ?
Séoul est en passe de devenir un grand hub artistique, surtout depuis l’organisation de la première foire artistique Frieze dans la capitale coréenne. L'afflux de galeries internationales et Frieze Seoul ont permis au marché de l'art sud-coréen d'atteindre 1 000 milliards de wons coréens (750,85 millions de dollars) en 2022, selon les données du ministère de la culture, des sports et du tourisme coréen. Le phénomène de vague coréenne a également propulsé la culture coréenne dans les musées du monde entier ces dernières années. En 2024, l'État a alloué 4,7 milliards de wons coréens (3,4 millions de dollars) à l'organisation d'expositions spéciales lors d'événements majeurs afin de promouvoir l'art coréen à l'échelle mondiale, dont 1,7 milliard de wons coréens (1,2 million de dollars) pour l'exposition commémorative du 30e anniversaire du pavillon coréen à la Biennale de Venise cette année.
Mais qu’est-ce que l'art coréen ? Selon la curatrice Juli Cho Bailer, les artistes et les collectionneurs coréens ont toujours eu une préférence pour la peinture. "C'est facile à comprendre avec les maîtres du dansaekhwa, tels que Park Seo-Bo et Lee Ufan, qui ont influencé deux générations d'artistes". Toutefois, les artistes contemporains explorent de plus en plus des pratiques multidisciplinaires et numériques. L'accent mis sur le numérique est inéluctable dans la société coréenne au sens large, en tant que leader mondial de l'innovation technologique. Des entreprises coréennes telles que Samsung, LG et Hyundai sont des soutiens majeurs de l'art dans le pays. D'aucuns estiment que cette numérisation accrue conduit à une plus grande homogénéisation de l'art.
Kim Seong-Youn, directeur exécutif du comité d'organisation de la Biennale de Busan, affirme quant à lui que les styles et les sujets des artistes coréens sont étroitement alignés sur les tendances artistiques mondiales. "Les jeunes artistes préfèrent de plus en plus les créations individualistes et pop à un engagement profond dans les questions sociales", explique-t-il. Laurencina Farrant-Lee, la directrice artistique du SongEun Art and Cultural Foundation à Seoul, affirme quant à elle que le style et les sujets de l'art sud-coréen sont distinctifs : "La fusion de l'art coréen traditionnel et des influences occidentales, catalysée pendant l'ère d'après-guerre, a propulsé un mouvement d'art moderne et contemporain très singulier", explique-t-elle. Alors que la scène artistique sud-coréenne semble prête à se développer, elle doit relever plusieurs défis. Laurencina Farrant-Lee s'inquiète de la prolifération de l'art "fast-fame", soulignant "la nécessité d'encourager des projets artistiques durables et significatifs.
Source : The Art Newspaper, 19 Juin 2024

 


Chen Fei

La dynamique des jeunes artistes chinois ultra-contemporains
La Chine occupe la deuxième place sur le marché mondial de l’art derrière les Etats-Unis. Elle affichait en 2023 un montant estimé de ventes de 5 milliards $ (d’après la société Artprice). En dépit d’un contexte économique difficile en 2023, les ventes sur le marché de l’art ont augmenté en quantité de 9 % en Chine, bien qu’elles baissaient en valeur.
L’art contemporain était très présent au cours de l’année 2023. « Malgré une baisse du nombre d’œuvres adjugées entre dix et cent millions de yuans lors des ventes aux enchères d’œuvres d’art en Chine, le taux de transactions global augmente et le nombre d’œuvres proches du million dépasse même les attentes », indiquait la société Artprice. Selon une étude publiée par Art Basel et UBS, c’est à la nouvelle génération de collectionneurs que le marché doit sa résilience. Toutefois, en ce qui concerne les performances du marché en 2024, de multiples facteurs obscurcissent la voie vers une croissance économique continue, en raison notamment des défis persistants dans le secteur de l'immobilier. En 2024, l'environnement économique du marché de l'art en Chine restera imprévisible.
Le marché des artistes chinois ultra-contemporains (nés après 1980) est particulièrement dynamique. Chen Fei (né en 1983) est un de ces artistes ultra-contemporains dont la renommée est grandissante. La société de ventes aux enchères Artron a recensé pas moins de 14 œuvres de Chen Fei vendues pour un total dépassant les 5 m$. L'artiste expose dans de grandes galeries prestigieuses à l'étranger.
Par ailleurs une nouvelle génération de jeunes et riches chinois achètent beaucoup d’œuvres de jeunes artistes et n’hésitent pas à faire de la spéculation. L'artiste allemand-chinois Michael Ho (né en 1991) fait ainsi partie de ces artistes ultra-contemporains très demandés. Michael Ho, de descendance chinoise, a grandi en Allemagne ; il fusionne l’esthétique des peintures classiques chinoises avec des œuvres relevant des canons européens pré-modernes.
S’agissant de Hong-Kong qui devient de plus en plus un grand hub artistique, la ville a dépassé le milliard et demi de dollars de ventes annuelles en 2023, selon la société Artprice. Avec la levée des mesures contre la pandémie de COVID, un regain d’énergie s’est en effet répercuté sur les ventes de printemps. Pour la société Christies’s, Hong Kong demeure une place forte. Son directeur a récemment annoncé l’ouverture de 4645m2 pour la société dans ne nouvelle tour conçue par l’architecte Zaha Hadid.

Sources : Artprice, Art Basel, Ubs Report, Juin 2024

Liu Ye

 

 

Classement des ventes aux enchères des artistes artistiques en 2022
Le dernier rapport Hiscox Artist Top 100 (HAT 100) réalisé par ArtTactic* se penche sur les principales tendances du marché de l’art contemporain et s'intéresse aux artistes les plus en vue des cinq dernières années, en analysant à la fois la valeur et le nombre de leurs œuvres vendues aux enchères. Le rapport constate qu’en 2022, un nombre record de 700 œuvres de jeunes artistes contemporains (moins de 45 ans) ont été mises aux enchères dans les deux ans de leur création, contre 279 en 2021. 
Dans le classement des ventes aux enchères des 100 premiers artistes en 2022, en millions $, les artistes asiatiques se positionnaient comme suit : N°2 Yayoi Kusama (Japon) 62,437, 976, N°3 Yoshitomo Nara (Japon) 48,956,964, N° 12 Mathew Wong (Canada) 17,450,952, N°24, Takashi Murakami (Japon) 9,142,058, N°28 Zao Wou-Ki 8,137,591 (France), N°35 Salman Toor (Pakistan) 7,422,583, N°40 Christine Aj Tjoe (Philippines) 5,635,366, N°45 Liu Ye (Chine) 4,875,150, N°54 Zheng Fanzhi (Chine) 4,27,889, N° 56 Huang Yuxing (Chine), N°69 Li Huayi (Chine) 3,695,155, N°89 Izumi Kato (Japon) 2,416, 881. Les artistes japonais ont ainsi réalisé de belles ventes, de même pour l'artiste franco-chinois Zao Wou-Ki ou encore l'artiste américano-pakistanais Salman Toor.
*Top 100 des artistes by Hiscox, Novembre 2023
https://www.hiscox.fr/courtage/sites/courtage/files/documents/top_100_artistes_hiscox_2023_fr.pdf


Zhang Daqian

Zhang Daqian : l’artiste asiatique le plus vendu aux enchères en 2023
Selon la société Artnet Price Database, le peintre chinois Zhang Daqian, décédé en 1983, a atteint une valeur totale de ventes de 248 millions de dollars aux enchères l'année dernière, soit une augmentation de près de 38 % par rapport aux 180,6 millions de dollars de 2022. Non seulement il a été l'artiste asiatique le plus vendu en 2023, mais il se situe également à la deuxième place au niveau mondial, après Pablo Picasso, dont la valeur totale des ventes s'est élevée à 595,7 millions de dollars. Ce résultat a pu surprendre certains, en particulier ceux qui s'intéressent à l'art contemporain.
Ces dernières années, la liste des artistes asiatiques les plus vendus était dominée par des artistes japonais vivants, tels que Yayoi Kusama (8ème en 2023, 190 millions de dollars) et Yoshitomo Nara (21ème », 88 millions de dollars). Mais les artistes chinois nés à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle, peut-être moins connus du public occidental, atteignent des prix élevés depuis longtemps, et leurs œuvres sont vendues non seulement dans les grandes maisons de vente aux enchères à Hong Kong, mais aussi dans des ventes locales et régionales en Chine continentale et dans certaines parties de l'Asie.
L'œuvre de Zhang Daqian la plus vendue en 2023 était "Pink Lotuses on Gold Screen" (1973), une projection d'encre et de couleur sur papier doré sur un écran à deux panneaux. Elle a été vendue pour 251,6 millions de dollars HK (32 millions $) lors d'une vente de Sotheby's Hong Kong en avril 2023. Parmi les 100 premiers lots de Zhang Daqian vendus en 2023, près de la moitié ont atteint un prix supérieur à 1 million de dollars, dont quatre pour une somme à huit chiffres. L'œuvre la moins chère de cette liste, un rouleau à l'encre sur papier intitulé "Buddhist Monastery in the Mountains" (antérieur à mars 1958), s'est tout de même vendu pour la belle somme de 406 597 dollars.
D'autres noms d’artistes asiatiques figurent parmi les 40 premiers artistes vendus aux enchères dans le monde en 2023. Cependant, aucun d'entre eux n'est vivant. L'artiste chinois vivant le plus vendu en 2023 était Liu Ye, qui figure à la 46ème place, avec une valeur totale des ventes de 42,3 millions de dollars.
Extraits. L'article complet était publié dans The Asia Pivot le 21 février 2024.

Que retenir de l'India Art Fair 2024 ?
"Au cours de ces six derniers mois/ un an, le marché s'est embrasé", déclare Roshini Vadehra, de la galerie Vadehra, qui a vendu la majeure partie de son stand le jour de l'ouverture de la 15ème édition de l'India ArtFair, dont deux cabinets d'Atul Dodiya pour 80 000 dollars. 
Certains voient le marché de l'art indien comme un marché essentiellement national qui se renforce à l'intérieur du pays, mais qui est coupé des courants mondiaux. Pourtant la foire 2024 offre des raisons d'être optimiste. La demande est telle que l'India Art Fair a désormais de la concurrence : Art Mumbai a ainsi ouvert ses portes en Novembre dernier. En l'absence d'un soutien soutenu de l'Etat, le monde de l'art indien se nourrit d'initiatives privées. Le Madras Art Weekend a débuté en 2022 et le Jodhpur Art Week sera lancé en novembre de cette année.
Dans le haut de gamme, l'engouement pour les maîtres modernes tels que M. F. Husain et F. N. Souza ne se dément pas. Certains pensent que la hausse des prix de ces œuvres modernes a poussé les acheteurs à se tourner vers l'art contemporain, ce qui a stimulé ce secteur. "J'ai constaté un regain d'intérêt pour les artistes en milieu de carrière", déclarait Shireen Gandhy, propriétaire de la galerie Chemould Prescott Road. À la fin de la première journée, Shireen Gandhy avait vendu 80 % de son stand, dont "A Prayer Unanswered "(2023-24) de Mithu Sen.
Les spécialistes de Christie's New York qui ont organisé des ventes aux enchères, ont remarqué de nouvelles habitudes d'achat. "Nous voyons des acheteurs qui viennent pour la première fois et qui achètent le haut de gamme, plutôt que de faire des achats plus petits, comme nous nous y attendons habituellement", a déclaré Nishad Avri. Si la majorité des galeries présentes à la foire exposaient des artistes d'Asie du Sud, certaines ont apporté un mélange d'œuvres internationales, comme Neugerriemschneider (Berlin), la Galerie Isa (Mumbai), Marc Straus (New York) et la Galleria Continua.  À la fin de la deuxième journée de la foire, la Galleria Continua avait notament vendu plusieurs œuvres de l'artiste chinois Ai Weiwei pour environ 300 000 euros (324 000 dollars).

Source : What Was Hot at the India Art Fair par Cleo Roberts-Komireddi, Artnet News, 2 Février 2024


Leslie de Chavez

Art SG 2024 a reçu un nombre record de 45 300 visiteurs
L'édition 2024 d'Art SG (Art Singapore) a accueilli 114 galeries de 33 pays et territoires, en baisse toutefois par rapport aux 164 exposants de 2023. Par contre, les directeurs de galeries ont noté une "plus grande énergie" pour l'édition 2024.
La 'Platform' présentait des installations artistiques de grand format qui ont vivement attiré l'attention des visiteurs et les panneaux tissés de l'artiste textile malaisien Marcos Kueh sont rapidement devenus l'image totémique d'Art SG 2024. Présentée par la jeune galerie malaisienne The Back Room, l'œuvre a été vendue à une institution anonyme de Singapour pour un prix compris entre 50 000 et 100 000 dollars. Les artistes asiatiques étaient également très demandés : Lehmann Maupin a vendu des œuvres de l'artiste sud-coréenne Lee Bul entre 200 000 et 300 000 dollars, tandis que Sundaram Tagore a vendu une série d'œuvres de Hiroshi Senju, Jane Lee, Miya Ando et Zheng Lu pour un total combiné de plus d'un million de dollars. La galerie indonésienne Gajah a également vu ses efforts pour promouvoir l'artiste décédée Gusti Ayu Kadek Murniasih récompensés. Ses œuvres, ainsi que celles de la sculptrice singapourienne Han Sai Por et de l'artiste philippin Leslie de Chavez, qui étaient présentées sur le stand, ont toutes trouvé preneur. 
Pour Pauline Loeb d'ArtFairMag, Art SCG 2024 a été une foire de qualité qui cherche encore son public. La qualité générale était élevée. La diversité était également là avec de la peinture, sculpture, céramique, des vidéos, des tapisseries et bien plus encore. Mais elle conclut : "J'ai beaucoup apprécié ma visite à Art SG, mais je ne suis pas certaine du succès commercial de la foire pour ses exposants. Je pense qu'elle doit encore faire ses preuves auprès du public international et qu'elle doit s'adapter à l'évolution des habitudes des collectionneurs locaux.
Sources : Straits Times 25 Janvier 2024, Clement Yong, Art Fair Mag, Pauline Loeb, 24 Janvier 2024


Singapour, Marina Bay Sands

Optimisme sur le marché de l’art en Asie
Si la situation est difficile sur le marché global de l’art, dans un contexte de conflits géopolitiques, d’inflation et de taux d'intérêt élevés, la situation est quelque peu différente sur le continent asiatique. L'année dernière, les ventes en Chine continentale et à Hong Kong ont diminué de 14 % par rapport à l'année précédente, selon le dernier rapport Art Basel et UBS sur le marché mondial de l'art. Bien que les ventes dans la région soient restées supérieures de 13 % à celles de 2020, avec 11,2 milliards de dollars, il s'agit du deuxième niveau le plus bas depuis 2009. Néanmoins, le 2023 Survey of Global Collection d'Art Basel et UBS indiquait qu'au cours du premier semestre 2023, les collectionneurs de Chine continentale avaient les dépenses moyennes les plus élevées de tous les collectionneurs, soit 241 000 dollars. Ce chiffre était en nette augmentation par rapport aux deux années précédentes.
La Corée du Sud reste un marché solide, avec une forte fréquentation internationale lors de la deuxième édition de Frieze Séoul. De plus en Novembre 2023, les plans d'une nouvelle installation de stockage d'œuvres d'art de plusieurs millions de dollars, située à proximité de l'aéroport international d'Incheon, en Corée du Sud, ont été annoncés. La société coréenne Arshexa, qui a développé le projet, affirme que la nouvelle installation de stockage d'œuvres d'art sera l'une des plus grandes au monde. Le développement de Singapour en tant que marché de l'art pourrait par contre être entravé par la faiblesse du marché financier et le coût de la vie.
La deuxième édition de la grande foire internationale ARTSG (Art Singapore) arrive à Singapour du 19 au 21 Janvier 2024 et annonce une liste exceptionnelle de 116 galeries provenant de 33 pays et territoires. Art Basel Hong Kong revient avec une édition 2024 présentant pas moins de 243 galeries internationales de premier plan et un programme dynamique à l'intérieur et à l'extérieur du Hong Kong Convention and Exhibition Centre (HKCEC) du 28 au 30 Mars 2024.

Sources : ArtNews, autres, 2023, Janvier 2024


Nouvel entrepôt de stockage d'art, Séoul

L'ambitieux projet de la Corée du Sud : devenir un pôle artistique majeur en Asie
Un gigantesque entrepôt de stockage d'œuvres d'art, d'une valeur de plusieurs millions de dollars et d'une superficie totale d'un million de mètres carrés, est en cours de construction à proximité de l'aéroport international d'Incheon, en Corée du Sud. La société coréenne Arshexa, qui a développé le projet, affirme que la nouvelle installation de stockage d'œuvres d'art sera l'une des plus grandes au monde, comprenant cinq étages, y compris un sous-sol, et 138 pièces de différentes tailles. La construction devrait commencer en avril 2024 et le stockage des œuvres devrait être achevé en 2026. Le projet comprendra la construction d'installations d'expositions pour des galeries, des musées, des foires d'art et des points de vente de nourriture et boissons. Le marché de l'art en Corée du Sud a dépassé les ₩1 trillion (812 millions de dollars) en 2022, un record historique, selon le rapport Korea Art Market 2022 publié en début d'année. La croissance a été stimulée par l'afflux de nouveaux acheteurs individuels, ainsi que par une explosion de la part de revenus dérivée de l'expansion des ventes aux enchères et des foires d'art, plus particulièrement le lancement réussi de Frieze Seoul. En Asie, les professionnels de l'art sont très demandeurs d'espaces de stockage ; des villes comme Hong Kong, Singapour et Pékin en sont déjà équipées.
Source : Artnet News, Vivienne Chow, 30 Novembre 2023


Kazuyuki Takezaki, untitled, 2023

Où en est l’art contemporain au Japon
Du 2 au 5 novembre 2023, Tokyo accueille, en collaboration avec Art Basel, la 3e édition d'Art Week Tokyo (AWT) qui réunit une cinquantaine de galeries, musées, y compris le National Museum of Modern Art, Tokyo (MOMAT) et showrooms.

Depuis des années, les galeristes internationaux se posent des questions sur le développement de l'art au Japon. L’Archipel nippon produit certes de grands artistes mais ils n’ont pas le retentissement qu’on pourrait escompter dans le pays.  «Beaucoup de formes de création au Japon, des arts traditionnels au manga, sont bien considérées et connues. L’art contemporain est son parent pauvre. Il n’est pas orné de prestige intellectuel ou artisanal, par exemple. Pourtant, à Geidai, l’université des beaux-arts de Tokyo, les jeunes travaillent bien», estime Clélia Zernik, professeur de philosophie de l’art aux Beaux-Arts de Paris et fine observatrice de l’art contemporain japonais.
"La morosité économique depuis trente ans a conduit le pays à se replier sur lui-même et à se couper du reste du monde, le rendant opaque", explique Clélia Zernik. Conséquence, l’art contemporain n’a pas au Japon la visibilité dont il jouit ailleurs. "Les médias lui consacrent peu d’attention. Les hommes politiques n’y accordent aucune considération. Les galeries locales ne publient pas leurs chiffres de vente. L’État n’accorde aucune exemption fiscale pour dynamiser le secteur".

«Les expositions sont plutôt sur des thèmes prémodernes», déplore Kenji Kajiya, historien d’art à l’université de Tokyo. Les artistes japonais connus ne font pas d’œuvres à caractère politique. Le jeune producteur Kentaro Hayashida fait lui aussi le constat d’une scène contemporaine dévitalisée : «Bien sûr que les Japonais aiment la beauté. Ils courent au Louvre comme tout le monde. Mais ils ne comprennent pas les aspects sociaux ou sociétaux de l’art contemporain», déplore-t-il. Pour les grands artistes, l’inspiration semble venir d’ailleurs : « Les grands artistes Makoto Aida, Takashi Murakami, Yoshitomo Nara, ont tous fait un séjour à l’étranger avant de percer au Japon», observe Clélia Zernik.
Le Japon a bien ses artistes iconoclastes, souvent rassemblés en collectifs. "La scène artistique au Japon peut être très atomisée", note le directeur d'AWT, Atsuko Ninagawa, "les musées se tenant à l'écart de la scène des galeries". Récemment nous avons assisté à l'émergence de nouveaux espaces gérés par des artistes et d'initiatives de conservation. Ce sont sans aucun doute les germes de la scène artistique à venir".
Sources : Le Figaro, Régis Arnaud, 26/10/2023, Art Basel

 



LE MARCHE DE L'ART CONTEMPORAIN
CLASSEMENTS


Chaque année, Artprice dresse un bilan international du marché de l’art contemporain aux enchères publiques. Cette édition est basée sur l’analyse de résultats de ventes enregistrés pour des artistes classés “contemporains” selon leur année de naissance, soit les artistes nés après 1945. Ce rapport contient des classements exclusifs tel que le Top 500 des artistes contemporains par chiffre d’affaires

Artprice Le marché de l'art en 2023


Artprice le marché de l'art ultra contemporain en 2022

Artprice le marché de l'art en 2021 (Mars 2022)

Le classement des plus grands artistes contemporains asiatiques en 2020/2021

Artprice le marché de l'art contemporain 2021 Top 500 des artistes contemporains

Artprice. Top 1.000 artistes contemporains aux enchères (2000-2019)

Artprice le marché de l'art contemporain 2019 Top 500 des artistes contemporains

Artprice le marché de l'art contemporain 2018 Top 500 des artistes contemporains     

Artprice le marché de l'art contemporain 2017 Top 500 des artistes contemporains

Artprice Top 500 des artistes contemporains dans le monde 2016

 
 

MARCHE DE L'ART/CHINE/INDE 

HURUN CHINA ART LIST 2023 Classement des 100 premiers artistes chinois
Hurun Report - Hurun China Art List 2023

HURUN INDIA ART LIST 2023 Classement des 50 premiers artistes indiens